Vas-y Loulou !
Bonjour ami lecteur, après quelques digressions intempestives autant qu’indépendantes de ma volonté, je trouve enfin quelques minutes pour venir célébrer ici l’heureux dénouement de notre chère Ligue1.
Parce que bon, moi tu me connais, tu te doutes que ce titre pris au nez et à la barbe de ceux à qui les spécialistes l’avaient déjà attribué, ça ne peut que me plaire. En plus faut bien reconnaitre que, certes Chaglatoune, que oui mérites comparés et autres, mais le club héraultais fait quand même un beau champion… Non ?
Et puis ça va dans le sens de l’histoire si on y réfléchit un peu… Je veux dire, maintenant qu’on est Socialiste fini les Clubs de la Capitale ou de la Grande Conurbation Urbaine, les Clubs de Richous pleins de Petrodollars et autres subsides louches… On veut du bon club de village, même de Banlieues y’en a des biens… Alors la victoire finale de la bande à Loulou ça sonne un peu comme un Matin du Grand Soir non ?
Remarque j’dis ça, mais les paluchages de la presse sur le sujet ça fait quand même peine quand ceux qui célèbrent les Mandrins Montpelliérains sont les mêmes qui chouinent contre la fin du DIC ou les fameux 75% supposés tuer notre football dans l’œuf… Faut dire que les Cosettes et autres Petites Orphelines tout ça… Ca émeut, ça met la larme à l’œil… Mais bon… Faut pas non plus nos prendre que pour des cons… Tout reste relatif quand même…
Enfin bref, tout ceci est bel et bon mais moi ce qui me réjouit le plus c’est de voir la bonne bouille hilare de l’ami Nicollin. Parce que frondeur comme tu me sais, tu te doutes que le personnage atypique du père Loulou ne peut que me plaire…
Oh, certes il y a bien de-ci-delà quelques déclarations qui font saigner les oreilles mais bon… Y’a pas mal de provocations dans le lot…de surenchères volontaires pour appâter le journaleux en mal de tirage…
C’est qu’il est loin d’être con le pépère… Il le maitrise sur le bout des doigts son personnage pittoresque à la bonhommie Rabelaisienne et au langage fleuri…
Tiens, le langage du Loulou, sa verve, sa truculence… Ça aussi j’aime tu te doutes… Ce sens de la formule, cette propension jouissive à tourner les mots et la syntaxe pour trouver l’expression qui marquera… C’est un don… Un don rare en ces temps d’appauvrissement de notre belle langue… Parce que bon… Y a bien nos gagadémiciens qui se triturent la membrane sur leur dictionnaire qui n’a pas dépassé la lettre D mais bon… L’essence de la langue n’est pas là ! Ce n’est pas ce qui la fait vivre… Un mot, une expression, tu la couche sur un dico, c’est comme si tu le mettais dans du formol…Tu le scléroses, tu le figes… Bref, tu l’as déjà à moitié tué…
Non… Les mots, il faut leur laisser leur liberté pleine et entière… Les laisser s’ébattre sur les pages virginales des bouquins ou sur les écrans des ordinateurs… Mieux, les laisser courir sur les langues pour qu’ils sortent dans la rue et reviennent près de leurs maitres encore plus vifs qu’avant…
Attention, ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit, il ne faut pas non-plus se laisser aller à la facilité et au nivellement par le bas, hein ? Le langage d’jeuns et son atroce avatar SMSien faut bannir ! Prohiber ! Réputer nuisible… Parce que ça, ce n’est pas de la langue vivante… C’est de l’abrutissement des masses… Du pillage de langage… L’arme ultime des puissants : nous priver de notre langue pour qu’on ne puisse plus leur signifier qu’ils nous emmerdent ! Faut bien se gaffer de ça les amis avant de l’avoir in the bab’ very profundly…
Mais bon, je digresse, je digresse, et je perds le fil…
Donc l’ami Louis, avec son verbe haut et ses mots colorés, il est un peu d’utilité publique dans le monde sinistré du football en la matière… Parce que bon… Je veux bien que les joueurs et les entraineurs, voire les dirigeants, ils ne sont pas là pour ça mais quand même vu que y’aura toujours un journaliste pour leur tendre un micro, autant qu’ils ne nous sortent pas toujours des platitudes exaspérantes… Avec le Loulou au moins… Tout peut arriver…
Et puis Loulou, c’est aussi un hymne à la vie. C’est une silhouette dessinée comme un doigt tendu bien haut aux canons dictatoriaux de la beauté artificielle… On sent le jouisseur (dans le bon sens du terme hein ? Pas du genre qu’on trouve dans les Carlton Nordistes), celui qui aime les bonnes choses, les vraies… Tu vois, j’en sais des tas, y compris des hommes, qui font gaffe à tout, qui bouffent des Carottes-Vittel pour perdre 3 grammes… Benh moi j’voudrais parfois faire le contraire… Prendre d’un coup les 20kg qui m’emmèneraient au-delà du quintal… Juste comme ça… Pour emmerder… Pour pas faire comme tout le monde.
Là aussi, il y’a comme une affirmation de soi chez Nicollin… Le souci du détail toujours… Jusqu’au bout… Dans un monde sportif réputé sain de corps à défaut d’esprit, s’exposer avec ventre et bajoues… Faut le faire… C’est du contrepied ou je ne m’y connais pas… C’est affirmer une différence… Une indépendance surtout… Ça ne peut que me plaire…
En fait et pour résumer ma sympathie pour le bonhomme, il y a du Béru chez Nicollin… Alexandre Benoit Bérurier… Inénarrable compère du Commissaire San-Antonio dont vous savez ce que je pense en matière d’importance littéraire et culturelle. Bérurier, le bon gros, bagarreur, bâfreur, bitteur de première… Celui à qui sa simplicité placide confère un avantage sur tous les autres… Celui qui sait qu’il ne sait rien et qui en fait une force… Celui qui EST surtout, quand tant d’autres ne font que prétendre être… Extrême en tout et par là-même tellement plus présent, incontournable, inévitable…
Le Gravos, sortit tout droit du cerveau fécond du Grand Fredo pour mieux affirmer à quel point il emmerdait les standards et pissait sur la bienpensance… Pitain… Je suis sûr que mon ami Fredo, il aurait bien aimé le Sacre du Printemps Montpelliérain… Il l’aurait peut-être même évoqué au détour d’une page… Je suis sûr qu’il en a ri tout là-haut dans le petit bistrot que vous savez…
M’enfin… J’vais pas m’étendre sur le sujet que je vais me mettre à chialer en pensant qu’il n’est plus là le gars… Qu’il nous a laissé tout seul avec les cons… C’est bête mais des fois… Je lui en ferais presque reproche…
Mais revenons donc à nos moutons… Bravo à Montpellier donc, bravos aux joueurs et à leur entraineur et tous les membres du club et surtout… Bravo Loulou ! Vas-y, Loulou, envoie leur leurs caisses de saucisses pour qu’ils en fassent des poignards à fondement comme tu leur avais si malicieusement suggéré…