Des gueules d'enterrement - Remastered
Pour être tout à fait et complétement complet dans mon exégèse des riches heures du blog d’en face, je retranscris ici un ancien article de mon cru, qui faisait suite au précédent et qui apportait quelques menues précisions sur les affaires qui nous occupent.
Dimanche après-midi, après avoir assisté à la finale du JLC Polo-Master, finale qui a vu la belle victoire de l’équipe Lynx Energy, brillamment emmenée par le l’excellent Brieuc Rigaud, considéré, à juste titre, comme un des tous meilleurs joueurs français. Bref, après ce bel après-midi champêtre, quelques amis me convainquirent de me joindre à eux pour aller siroter quelques spiritueux au bar de La Réserve.
Nous partîmes donc 4 et faute de prompt renfort, nous nous vîmes toujours 4 en arrivant au bar. Le beau temps revenu en cette fin d’après-midi dominical avait semble-t’il incité la plupart des autres clients à préférer la terrasse au lounge-bar aussi c’est vers icelui que nous portâmes nos pas afin que de pouvoir jouir de quelque intimité propice à nos discutions autant qu’à nos libations.
C’est donc avec une joie non dissimulée, que nous constatâmes au moment de pénétrer dans ce sympathique endroit, qu’il était quasi vide de toute présence nuisible. Pour dire le vrai, et mis à part le barman, seules 3 autres personnes occupaient les lieux. Un couple âgé, lui fumant un cigare de taille respectable, elle cousant ce qui paraissait être une quelconque layette, et, à l’autre bout de la pièce, un homme de haute stature et à la longue chevelure de neige qui nous tournait le dos. Il me sembla bien que cette silhouette me disait quelque chose, mais Genève étant, somme toute, une bien petite ville, il n’est pas rare de retrouver les même personnes dans ce genre d’endroit.
Je n’y prêtais donc pas plus attention et mes camarades et moi nous laissâmes bientôt tomber dans les confortables fauteuils de ce digne établissement.
L’ami Pierrot – pas celui du blog, un autre, trader de son état et charmant bien que Bordelais – fit un signe élégant autant que péremptoire à destination du barman qui s’empressa avec toute la célérité propre au personnel de ces établissements classieux.
Nous commandâmes bientôt 4 cognacs, La Réserve disposant d’une superbe carte en la matière, et nous laissâmes aller au plaisir simple de la dégustation de ce divin breuvage tout en devisant de concert.
Nous évoquâmes d’abord les matches de l’après-midi, puis l’ami Jojo – pas celui du blog, un autre, avocat de son état et charmant bien que Britannique – porta la conversation sur la Coupe du Monde de Rugby à venir et les matches du week-end, évoquant notamment la défaite Néo-Zélandaise et la victoire concomitante des Australiens dans le Tri-Nation.
La conversation roulant, je voyais l’ami Manu – Pas le Padawan, un autre, Banquier de son état et charmant bien que Banquier – arborer son petit sourire en coin qui présageait une saillie à venir, petites piques dont il pouvait avoir tendance à abuser à l’encontre de l’un ou l’autre d’entre nous. John – Jojo – fit signe au Barman de doubler la mise, et Manu en profita pour lancer son trait qui, cette fois-ci m’était destiné.
- Et toi, Jean, toujours à fond dans le foot – dit-il en levant un sourcil mi-amusé, mi hautain.
L’allusion à ce sport bassement populaire amena immédiatement un air vaguement dédaigneux sur le visage de l’ami Jojo et un air simplement interrogateur sur celui de l’ami Pierrot.
Je pris sur moi pour ne pas promptement jeter le contenu de mon verre au détestable visage de mon ami, mais cela l’aurait sans doute fortement désobligé et ce serait inévitablement terminé par une réparation sur le pré qui m’aurait conduit à user de sévices et autres rétorsions physiques qui, pour être parfois jouissives, n’en sont pas moins fatales aux amitiés les plus solides. Bref, je me contentais de sourire en répondant que je ne savais pas de quoi il voulait parler et que mon intérêt pour ce sport plébéien était plus que limité.
Je connaissais bien l’ami Manu et j’aurais dû me douter qu’il disposait de quelques cartes dans sa manche mais je fus tout de même fort surpris lorsqu’il lâcha :
- Pourtant tu sembles intervenir plus souvent qu’à ton tour sur le blog de Pierre Ménès.
Il avait mis dans ces derniers mots toute la morgue et le mépris que peut prendre un banquier lorsqu’un sans-le-sou vient solliciter quelques prêts d’argent et nos deux autres amis prirent cette fois des airs effarés.
Je fus vaguement tenter de nier, mais finalement décidais d’assumer cette petite faiblesse.
- Et bien oui, il m’arrive de poster quelques contributions sur ce blog, mais comme tu sembles les avoir consultées, tu pourrais reconnaitre que je ne parle que très rarement de football mais consacre plutôt ma verve à railler les us et coutumes du lieu ainsi que quelques-uns des intervenants, quand ce n’est pas le maitre des lieux lui-même que je brocarde.
Et Manu de m’interrompre pour relancer :
- D’ailleurs tu es tellement assidu que tu fus cloné récemment, privilège justement réservé aux habitués et autres personnages importants du site en question. Donc non seulement tu visites le site mais tu en es aussi un contributeur régulier contrairement à ce que tu affirmes.
Je commençais à sentir une certaine colère déborder les digues de ma légendaire retenue mais parvint quand même à garder mon calme pour mieux lui répondre :
- Je fus cloné ? La belle affaire ! Et pour quoi au final? Pondre quelques misérables rimaillages qui eurent prêtés à rire s’ils n’avaient été adressés à ma chère Rose qui mérite bien plus que ces odelettes puériles. Le but était sans doute de moquer ma verve légendaire ou mon attachement particulier à notre délicate Rose dont on peut certes railler la propension à supporter des has-been et à apprécier les langues barbares, mais qui n’en reste pas moins le Phénix des hôtes de ce blog. Bref, que l’on cherchât à m’égratigner ne me gêne guère, d’ailleurs il m’arrive de me servir moi-même en la matière avec assez de verve et, contrairement au grand homme, je tolère tout à fait qu’un autre me les serve à condition toutefois qu’il y mette quelques talents ce qui n’était certes pas le cas du quidam en question.
Pierre renchérit, visiblement lui aussi décidé à me garder dans les cordes.
- En parlant de clones, il était quand même assez comique de te voir, toi et d’autres, stigmatiser les quelques sinistres trolls et autres racistes de tout poil qui ont toujours été présents, et le seront encore surement à l’avenir, comme si vous pouviez apporter quelques lumières dans les cerveaux embrumés des amateurs de football lambda. Mais au-delà de sa vacuité, votre action démontrait clairement votre attachement audit blog ce qui ne manquerait pas d’amuser certains de nos amis.
- Ma fois, ce blog est à l’image de son auteur : attachant malgré ses défauts et en l’espèce peut-être avions nous simplement envie de le voir s’améliorer, tendre vers une perfection somme toute à sa portée. A tout le moins nous souhaitions qu’un minimum de contrôle puisse être mis en œuvre afin que d’empêcher certains blogueurs bien identifiés, et donc pas seulement les inévitables trolls odieux, de s’autoproclamer respectables tout en distillant ici ou là quelques propos venimeux autant que ridicules, qui sur le nombres de joueurs « de couleur » en edf, qui sur l’éducation à promulguer à son fils afin qu’il reste sur un supposé bon chemin en matière de préférences sexuelles, qui à s’en prendre de façon ignoble autant que véhémente à un autre blogueur sous prétexte qu’il ne hurle pas avec les loups. Bref, nous pensions qu’il était possible à l’organisateur du blog, Yahoo en l’espèce, de contrôler un peu plus ce qui se passait sur ces pages.
Ceci dit je veux bien reconnaitre qu’il est sans doute plus facile d’exiger lesdits contrôles que de les mettre en place ne serait-ce que parce que cela demande quelques ressources et donc coute quelque argent mais il y a des limites à ce que l’on peut tolérer.
D’ailleurs, en l’état, Pierre Ménès lui-même devrait exiger ce minimum de contrôle de la part de son partenaire, car il est aussi et d’une certaine façon la première victime de ses débordements dont certains ne manquent pas de laisser entendre qu’il les tolère parce qu’étant en plein accord avec eux. Qu’il le veuille ou non, d’aucuns ne se priveront pas de montrer du doigt les débordements des blogueurs tout en l’en rendant directement responsable. A vrai dire et d’une certaine façon, Pierre Ménès peut être aussi victime du laxiste de Yahoo en la matière. Laxisme certes dicté par certaines limites techniques mais laxisme quand même.
John, émit un petit rire :
- Certes Jean mais de là à publier moult com sur le sujet jusqu’à te faire temporairement et certes accidentellement exclure du blog, il y a un pas qu’on ne saurait franchir. Comment un être d’élite comme toi peut se laisser aller à prendre à cœur le devenir d’un lieu où se côtoie les plus bas instincts. Tu aurais tout aussi bien fait de passer ton chemin.
J’allais répondre quand une réalité des plus amusantes me vint à l’esprit :
- Mais dites-moi mes amis, vous me semblez bien au courant de toutes ces petites affaires, ne seriez-vous pas vous aussi des lecteurs assidus de ce blog ? Hein entre nous…
- Bien sûr qu’ils le sont – dit soudain une voix que j’aurais reconnue entre mille…
Je me retournais pour voir mon habituel visiteur divin qui s’était avancé en catimini jusqu’à notre table sans que nous nous en rendions compte.
- Mais oui mon bon Ytse, tes amis comme de nombreux détracteurs du maitre des lieux, se plaisent à suivre les pérégrinations du blog qu’ils critiquent par ailleurs. Tu vois, d’une certaine façon, le blog de Pierre Ménès c’est un peu l’inverse d’Arte…La chaine que tout le monde dit regarder mais dont les scores d’audience disent le contraire…Le blog tout le monde le dénigre et nie le lire alors que les statistiques de connections prouvent le contraire… Un paradoxe de plus dans la liste des petits travers de cette race humaine dont je suis si peu fière.
Connaissant mon ami, je m’apprêtais à lui offrir de boire un verre avec nous mais il dut deviner ma pensé et il me devança :
- Non mon cher Jystema, je n’ai point le temps, le fiston a encore fait des siennes dans un autre monde de ma création et le voici de nouveau en prise avec les édiles locales qui se sont mises en tête de le pendre…bref, je dois intervenir avant qu’il ne le fasse et que je ne doive le ressusciter au risque de voir les imbéciles qui l’on exécuter en faire un Dieu avec tous les débordements qui s’en suivront…Chat échaudé craint l’eau froide. Je te laisse avec tes amis…mais ce n’est que partie remise, j’ai ouïe dire que tu avais rentré quelques belles bouteilles…
- Oh trois fois rien, quelques Côtes Rôties et quelques vieux Rhums.
- Ça fera l’affaire… A un de ces jours.
Il s’éloigna sous le regard médusé de mes camarades :
- Mais qui est donc ce curieux quidam ? – demanda pierre
- Oh…Juste un ami que j’ai…Un type intéressant au demeurant avec une vie pas banale…Mais où en étions-nous…Ah oui alors ainsi vous passez aussi vos jours et vos nuits sur le blog de Pierre Ménès…Bande de petits cachotiers que vous êtes.
Ils baissèrent la tête d’un air contrit et John décocha un coup de coude à Manu :
- Tu n’aurais pas pu fermer ta grande gueule. On a l’air de quoi maintenant…
Je m’abandonnais ravi contre le confortable dossier de mon fauteuil et buvais une longue gorgée de mon cognac. A travers la baie vitrée, je vis mon divin ami me sourire en levant le pouce d’un air satisfait puis se remettre en marche vers le fond du parc.
Je souris en le regardant s’éloigner puis encore plus en regardant mes amis qui, contrits et visiblement gênés, faisaient à présent des gueules d’enterrement.